Pollution lumineuse en Occitanie
Quelles pressions notre société fait-elle peser sur la biodiversité?
Objectif
Cet indicateur vise à évaluer la part du territoire d’Occitanie concernée par le phénomène de pollution lumineuse, d’estimer son intensité et de suivre son évolution dans le temps.
Résultat synthétique
- Diminution de 21% de la pollution lumineuse en Occitanie entre 2019 et 2023.
- 70% du territoire d'Occitanie est exposé à un niveau de pollution lumineuse élevée en 2023 en cœur de nuit.

@A. Werdan
Contexte
La pollution lumineuse se décrit comme une dégradation de l’environnement nocturne par émission de lumière artificielle entraînant des impacts sur les organismes vivants (faune, flore et humains) ainsi que sur la qualité du ciel nocturne.
La pollution lumineuse constitue une menace pour la biodiversité, elle a des répercussions sur l’ensemble des mécanismes vitaux, régulés par une alternance jour/nuit. Les effets peuvent s’avérer d’autant plus néfastes si les lumières sont localisées dans, ou à proximité, de réservoirs de biodiversité et de continuités écologiques.
L'objectif est donc de localisation la pollution lumineuse et d'évaluer le degré d'impact sur la biodiversité.
Résultats
Situation en 2023
Les niveaux de pollution lumineuse correspondent à la brillance du ciel nocturne, c’est-à-dire de sa qualité au zénith. Les résultats donnés correspondent à la situation par un ciel clair et en cœur de nuit.
En 2023, la pollution lumineuse se localise au niveaux des grandes agglomérations et le long du littoral.
Les départements possédant les niveaux de pollution lumineuse les plus élevés sont le Gard (27%), la Haute-Garonne (25%) et l’Hérault (24%).

Evolution de la pollution lumineuse entre 2019 et 2023
Il est constaté une nette amélioration de la qualité du ciel nocturne en cœur de nuit entre 2019 et 2023. En effet, si en 2019, 91% du territoire d’Occitanie présentait des niveaux élevés à très élevés de pollution lumineuse, cette dernière a diminué pour atteindre 70% en 2023, soit une diminution de 21%.
Les raisons de cette évolution positive de la qualité du ciel sont avant tout d’ordre économique. Entre 2022 et 2023 la pollution lumineuse a sensiblement diminué passant de 84% du territoire impacté à 70% pour l’année 2023. La crise énergétique, à l’origine d’une hausse historique des prix de l’électricité, a poussé de nombreuses collectivités à réduire leurs coûts et s’engager dans une démarche de réduction, voire d’extinction totale de leurs éclairages publics.
Au delà de ces considérations économiques, cette tendance de baisse des niveaux de pollution lumineuse représente un signal positif pour la biodiversité nocturne et montre qu’il est possible d’agir et réduire les menaces lorsque des mesures sont prises de manière collective et massive.

Limites
Les données de radiances ( émission de lumière) utilisées, ont été collectées en coeur de nuit et par temps dégagé.
Toutefois, une grande partie (dont la proportion reste toutefois à quantifier) des espèces crépusculaires et nocturnes ont un pic d’activité en en début et en fin de nuit, périodes pendant lesquelles la pollution lumineuse est plus fortement présente (car liée à la fin ou début de notre propre activité « diurne »). Certaines espèces dites diurnes sont en réalité plus particulièrement actives au crépuscule et à l’aube. Certains travaux sur l’efficacité de l’extinction en coeur de nuit, menés sur les chauves-souris, montrent ainsi un bénéfice limité qui reste très dépendant de l’horaire d’extinction (le plus tôt possible).
Néanmoins, des travaux récents, également sur les chauves-souris, montrent le retour d’espèces lucifuges suite à la pratique de l’extinction en coeur de nuit. Des études en extrémité de nuit seraient donc nécessaires pour approfondir la connaissance de l’effet réel de ces extinctions sur la faune.
Une autre limite de cet indicateur réside dans le manque de sensibilité du capteur VIIRS dans la partie bleue du spectre visible. Or les LED, majoritairement utilisées, émettent généralement plus de bleu que les lumières de type Sodium haute Pression installées jusqu’ici. Cela se traduit, par une retranscription moins importante de la radiance et donc une impression de réduction de la pollution lumineuse, alors que celle-ci n’a pas diminué réellement.
Enfin, les images satellites ne retranscrivent que la lumière renvoyée vers le ciel. Elles ne traduisent donc pas l’ensemble de la lumière perceptible par la faune, en particulier au sol ou dans l’eau.
Rédacteurs fiche
Violaine Meslier, ARB Occitanie
Sources des données
Pour réaliser cet indicateur, les données de radiance satellites ont été utilisées.
Données disponibles sur OpenIG
Il s’agit en particulier des données issues de l’instrument Visible Infrared Imaging Radiometer Suite (VIIRS) Day/ Night Band (DNB) du satellite Suomi NPP opéré par la NASA et le NOAA (National Oceanic and Atmospheric Administration).
La réalisation de carte n’a été possible qu’après modélisation d’un jeu composite synthétique de données, réalisée par DarkSkyLab.